Déconfinement : les plages bientôt ouvertes ? Le gouvernement lâche du lest

Après une dizaine de jours de mobilisation active, les défenseurs bretons d’un accès libre aux plages voient enfin leurs efforts récompensés. Le ministre de l’Intérieur cet après-midi a ouvert la voie à la réouverture sous conditions du littoral.
 


"La règle générale reste la fermeture, mais le préfet pourra autoriser l'accès aux plages, aux lacs et aux centres nautiques sur demande des maires. Les maires devront alors leur présenter un dispositif et des aménagements suffisants pour garantir la distanciation physique". Voilà ce qu’a explique ainsi Christophe Castaner en ajoutant "Cette décision est une nouvelle preuve de l'importance que nous accordons au dialogue permanent entre maires et préfets".

Il était un peu moins de 17h quand l’annonce tant attendue est tombée. Et dans la minute, les premières réactions se sont manifestées sur les pages Facebook des principaux collectifs mobilisés pour défendre la réouverture du littoral.  Une victoire célébrée par exemple sur la page « Beg Meil Paddle Cup »  « On a gagné face au gouvernement ».Même enthousiasme sur celle du Collectif de la Terre à la Mer. Johan Prat, l’un de ses administrateurs de ce collectif finistérien, constitué fin avril, nous a confirmé cette grande satisfaction.

"On est content, c’est la première étape qu’on souhaitait pour tout le monde. Les choses évoluent tellement vite sur plein de sujets, il y a toujours de l’espoir. Le collectif s’est énormément investi, on a vraiment mené un travail de réflexion auprès des politiques. L’idée c’est aussi de montrer que les citoyens ont envie de participer à l’organisation de la vie d’après. On est là pour aider à prendre des décisions".  

Grande joie aussi chez Anne Quéméré. La navigatrice qui était montée au créneau avec énergie et détermination, ressent un énorme soulagement, alors que cet après-midi, elle n’y croyait plus guère. "On n’est pas encore au ponton mais ça commence à sentir bon la mer" plaisante-t-elle. "C’est un premier grand pas parce qu’enfin on se réapproprie notre territoire, que chaque préfet et que chaque maire est capable de dire pourquoi on peut ouvrir ou non. J’avais un sentiment d’injustice, et l’impression qu’on ne traitait pas les gens de la même façon, les gens de la ville ou du littoral".  L’occasion pour la finistérienne de saluer la mobilisation des maires, des députés qui ont réussi à faire évoluer la situation. La parole hier soir de Richard Ferrand président de l’Assemblée Nationale a sûrement été écoutée. "J’ai retenu aussi les noms de ceux qu’on n’avait pas entendu" s’amuse cette passionnée de la mer qui se réjouit "Le bon sens est revenu dans ce pays qui me semblait l’avoir perdu. Désormais, c’est la responsabilité de chacun de prouver que nous avions raison."

Les maires en première ligne


C’est également dans cet état d’esprit que le collectif de la Terre à la Mer compte s’engager, en s’adressant directement aux maires. "Nous voulons leur présenter notre démarche et leur proposer notre soutien pour mettre en place des protocoles là ou il y en besoin. Nous avons déjà constitué des groupes de travail pour le surf, le kite, le windsurf, la plongée, la pêche à pied ou la chasse sous marine, mais aussi sur les différents publics, séniors, familles, enfants…"

Une aide qui sera sûrement précieuse car une nouvelle fois les maires se retrouvent en première ligne. C’est un peu le sentiment de cet édile de Penvenan dans les Côtes d’Armor, totalement pris par surprise.

Mercredi matin, il découvrait des barrières destinées à interdire l’accès aux plages de sa petite commune entassées les unes sur les autres, avec l’inscription « indigestes barrières »… une action revendiquée anonymement auprès de la presse locale et menaçant d’autres actions en cas de non réouverture des plages.

Ce jeudi après-midi, à l’annonce du gouvernement, il tombe des nues. Au téléphone, il a un rire nerveux. "C’est une patate chaude, merci monsieur Castaner. Est ce que j’ai les moyens matériels, physiques, en personnel pour assurer toutes les consignes de distanciation, et les règles sanitaires ? Je ne sais pas. Je suis déjà en train d’organiser la rentrée scolaire et ce n’est pas simple, maintenant l’accès au littoral… Tout ça, alors que le gouvernement refuse de me protéger au pénal et au civil…."  Pour assumer cette nouvelle mission, le maire compte se rapprocher de ses homologues de Paimpol, Perros Guirec et des environs, tous membres de l’association nationale des élus du littoral.

Victoire pour les uns, patate chaude pour les autres… En tous cas, cette annonce n’a pas dissuadé Vincent Debonne de renoncer au rassemblement qu’il a initié sur la commune de Binic-Etables sur mer lundi prochain, vers midi. Comme à Erquy où un rassemblement similaire a été annoncé, ce commerçant voulait dénoncer l’aberration de cet interdit d’accès à la plage, en invitant chacun à venir pendant une quinzaine de minutes sur la plage de la Banche, avec des masques et en respectant la distance sociale. "Je veux maintenir l’action plus que jamais, d’autant qu’elle est soutenue par la mairie et son maire délégué Laurent Honoré. Cela me renforce dans ma décision. Il faut qu’on montre qu’on est responsable."

La responsabilité, c’est justement à cause d’elle que Gaétan Séné le champion morbihanais de Stand Up Paddle board s’était exprimé ses derniers jours. Il avait représenté une voix un peu discordante. Cet infirmier de formation, de retour de Mulhouse où il avait été prêté main forte pendant cinq semaines avait été choqué que "la plage devienne un sujet principal" après l’enfer qu’il venait de vivre dans le Grand Est. Il réclamait alors un délai avant de rouvrir les plages, le temps de vérifier les effets du déconfinement, craignant aussi que les services d’urgence soient de nouveau sollicité pour des accidents de la circulation, des accidents du travail. Pas besoin alors que des sportifs ne se blessent en plus…. Celui qui est désormais éducateur sportif espère que "les règles seront précises et claires,  afin que l’on n’assiste pas aux débordements observés en Italie ou en Espagne"… mais il reste un peu amer. "ça me désole d’un coté, de voir qu’en dix jours un mouvement de libération de la plage a eu gain de cause, alors que les personnels soignants ont réclamé depuis des années des moyens, en vain."
 
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